Lorsque j’avais passé les lourdes portes d’entrée du centre d’incarcération, j’avais senti une boule se former au niveau de mon ventre. Il y avait du monde tout autour de moi. Des gens plaisantaient, d’autres lisaient le journal… Comment pouvaient-ils être si calmes ? … Sans doute parce que ce n’était pas leur première fois… Mon regard s’embua même lorsque je vis des enfants courir près de moi, jouant tandis que leur mère leur demandait de se tenir tranquille… Ici, c’était un autre monde. Je ne m’y sentais pas à l’aise, pas à ma place… Trop sensible la petite Emy ? Je fus, je dois l’avouer, soulagée lorsque ce fus à mon tour de passer près de l’accueil afin de me faire conduire jusqu’à l’endroit où je devais dire qui je venais voir, et faire tout… tout ce qui était nécessaire d’être fait. Un garde, plutôt gentil et tout sourire, sans doute amusé par l’état de stress intense dans lequel j’étais, me conduisit jusqu’à la pièce où je devais voir Jaz. Soudainement, le sentiment de soulagement ressentit quelques instants plus tôt s’était envolé, et presque j’aurais été heureuse de retourner parmi ces inconnus… Je jouais nerveusement avec mes cheveux, avec ma robe, je me tordais les mains dans tous les sens… Et ce fut pire lorsque je fus entrée dans la pièce : je me mis à faire les cents pas. Plus les secondes passaient, plus les battements de mon cœur s’intensifiaient… Mais lorsque la porte s’ouvrit, ce fut comme une délivrance. Ma nervosité s’envola, et je me précipitais dans les bras de Jaz, venant plaquer mes lèvres contre les siennes, avant même que les gardiens n’aient le temps de lui délier les mains. Pourquoi d’ailleurs fallaient-ils qu’il l’attache de la sorte ?! Ce n’était pas comme si Jaz était un malade dangereux qui allait tenter de tuer tout le monde si ses mains n’étaient pas enchaînées… Pourquoi devaient-ils le traiter comme du bétail ?! C’était… inhumain. Réellement. Certaines personnes ne méritaient pas un traitement d’une telle sorte (d’autres certes si…). Je dois bien reconnaître que le gémissement de Jaz eu pour effet de m’inquiéter plus qu’autre chose. Je sentis ses mains venir se poser sur mes bras, et il me repoussa. Je me détachais de lui et, inquiète, je fixai son visage. Mon cœur se serra lorsque je vis les cernes (qui ressemblaient plus à des valises qu’autre chose) sous ses yeux, ses lèvres abimées (soudain, je me sentis vraiment très idiote de l’avoir embrassé, j’avais dû lui faire mal ! Quelle empotée ! Je me serais giflée !), et le cocard sous son œil gauche… Du bout des doigts, j’effleurais sa joue, luttant pour empêcher les larmes de me monter aux yeux. Il ne dit rien, se contentant de montrer la table d’un mouvement de tête, comme pour dire : « allons nous assoir ». Je l’observai du regard me contournant pour venir s’installer sur la chaise, et finit par l’imiter, après un petit moment… perdue, je dois bien le reconnaître. Je me raclais la gorge, remettant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et m’installa, croisant les jambes sous la table… Une lueur triste brillait dans mon regard… J’aurais voulu le prendre dans mes bras, lui murmurer que tout allait bien se passer, que j’étais là, que ce serait bientôt fini. Mais ça n’aurait servit à rien. Comment les choses pouvaient-elles bien aller ? Il était en prison… Quand je le regardais, et que je le voyais de la sorte, je m’en voulais de n’avoir pas réussit à convaincre Andrew, et j’en voulais à Andrew de se montrer aussi borné. Paradoxalement, quand j’étais restée au chevet d’Andrew, je m’en étais voulu pour l’état dans lequel il se trouvait, et j’en avais voulu à Jaz. En fait, je passais ma vie à m’en vouloir… « J’suis content que tu sois là. Je…j’pensais que tu viendrais jamais. » Je baissais la tête, me mordant la lèvre inférieure…
-Je suis désolée… j’aurais voulu pouvoir venir plus tôt mais…
Je ne m’en étais pas sentie capable. Je n’avais pas été capable d’aller voir Jaz, tout du moins tant qu’Andrew était dans le coma. J’étais restée à son chevet, passant tout mon temps libre à l’hôpital. Une fois de plus… Je lui adressais un petit sourire. Je ne voulais pas donner cette image de moi. Il fallait que je me montre forte, pour nous deux. Confiante… Il n’avait pas besoin de me voir dans cet état. Il tendit la main pour prendre la mienne, mais à peine l’eut-il effleuré qu’il la retira vivement. Mon cœur se serra une fois encore, mais je me contentais de lui adresser un petit sourire, venant croiser les bras devant moi. « Comment tu vas toi ? Et Andrew ? » A la mention du prénom d’Andrew, ma gorge s’assécha, et je déglutis avec difficulté, le regard fuyant. Je n’en savais strictement rien…
-Moi ça va… Andrew je… suppose que oui… Il s’est réveillé.
C’était tout ce que je savais. Qu’il s’était réveillé. Qu’il avait mal. Qu’il était shooté à la morphine, tout comme je l’étais après mon accident. Qu’il avait mal. Et qu’il ne voulait pas retirer sa plainte…
-Je euh… On ne s’adresse plus vraiment la parole en ce moment…
Belle façon de dire que nous nous étions engueulés, sans doute la pire dispute que nous n’ayons jamais eu, et que je ne voyais pas en quoi nous pourrions nous rabibocher. Andrew m’en voulait de lui avoir demandé ça. Je lui en voulais de se montrer aussi immature, en voulant se venger une fois encore de Jaz. Ses mots, durs, crus, résonnaient encore dans mon esprit, et il m’était même arrivé d’en cauchemarder la nuit. Un léger frisson me parcourut, et je poussai un soupir, passant mes mains sur mon visage, continuant le mouvement jusqu’à mes cheveux… Je les ramenaient sur mon épaule droite, et releva la tête vers Jaz, cherchant son regard.
-Mais c’est pas très important ou intéressant. Toi… Est-ce que… ça va ?
Allons, Emy ! Un peu plus de conviction que diable ! Je dû me faire violence pour résister à l’envie de m’emparer de sa main, pour la serrer dans la mienne, et remplaça ce geste par une pression du bout des doigts sur mon propre bras. Dire que Jaz me semblait « différent » serait un euphémisme. Je savais, bien entendu, que la « prison ça change un homme », comme le dit si bien ce proverbe, mais je ne m’attendais pas à… à un tel « changement »… Je ne parlais pas d’un changement physique bien entendu. Son regard était éteint, il semblait… mort… Vide… Je me mordis la lèvre. Ô Jaz, mais que t’est-il arrivé…
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Sujet: Re: GT | Rp Jaz & Emy Dim 13 Nov - 22:59
La main d'Emy était venue effleurer la joue pâle de Jaz, lui arrachant un frisson. Pas de plaisir, pas d'envie non plus. Non, un frisson d'inquiétude, de crainte presque. Il ne supportait plus les contacts. Il savait très bien pourquoi au fond, mais il ne comprenait pas que cela puisse se répercuter jusqu'à Emy. Il sortait avec elle -ou quelque chose comme ça en tout cas...-, il l'avait touché chaque jour, il avait apprécié chacun de leurs contacts. Alors quoi ? Il suffisait d'un traumatisme pour tout remettre en question ? C'était aussi "simple" que ça ? Jaz s'en voulait et se haïssait. Parce qu'il ne pourrait jamais expliquer à Emy la raison de sa distance nouvelle. Il ne pourrait jamais lui expliquer certaines choses, il ne pouvait rien dire. Et une fois encore, Emy ne comprendrait pas, ne saurait pas... Et Jaz en était désolé d'avance, mais il n'avait pas la force d'y remédier. Aucune force pour quoi que ce soit à vrai dire. S'éloignant d'elle, le regard vide, il lui fit donc signe de venir s'installer à la table, en face de lui. Une fois fait, ils se regardèrent quelques instants, sans rien dire, tous les deux tendus. Jaz ne parvenait pas vraiment à la regarder dans les yeux, encore trop honteux à cause de ce qu'il avait fait. A Andrew j'entends, évidemment. Il déclara alors qu'il était content qu'elle soit là, qu'il n'y croyait pas. Et c'était vrai... Il avait rapidement abandonné l'idée qu'elle vienne le voir un jour. Et pourtant, elle était là, dans sa robe blanche. Inquiète. C'était dur, mais Jaz tentait de garder un peu de contenance et de fierté, ne voulant pas qu'Emy se torture l'esprit plus que ça. Emy avait baissée les yeux, visiblement gênée face aux paroles de Jaz. Elle n'avait pas à l'être, ce n'était pas un reproche ni quoi que ce soit qui s'en approchait. Il comprenait parfaitement. Et même si ça lui aurait fait mal, il aurait comprit également qu'elle ne vienne jamais. Ni en prison, ni ensuite... « Je suis désolée… j’aurais voulu pouvoir venir plus tôt mais… » Jaz lui accorda un petit sourire forcé, pour la rassurer. Mais il cessa bien vite, ses lèvres lui faisaient trop mal. Il haussa les épaules et répondit d'une voix basse : « Te justifie pas.. Je comprend. » Oui, il comprenait. Bien qu'au fond il ne savait pas trop exactement quelles étaient les raisons qui l'avaient poussée à venir le voir aussi tard. Mais qu'importe. Il comprenait. Du moins, il acceptait sans mal.
Jaz tenta alors un nouveau rapprochement, désireux de s'emparer de sa main. Mais à peine sa peau effleura la sienne, il se recula brusquement et détourna la tête, mal à l'aise. Non décidément, il n'en était pas capable. Ça le tuait, mais visiblement il ne pouvait pas aller contre. Du moins, pas tant qu'il serait dans un tel environnement. Peut-être qu'une fois sortit d'ici, ça irait mieux ! Il l'espérait de tout cœur en tout cas. Comment pouvait-on entretenir une relation avec une personne si on ne supportait pas qu'elle nous approche ? C'était impossible, tout simplement... Emy n'osait pas trop le regarder non plus, confuse face au comportement de Jaz. Histoire de passer à autre chose, Jaz demanda des nouvelles d'Andrew. Sujet délicat au vu de la réaction d'Emy. Quoi ? Il allait bien au moins ? Subitement inquiet, Jaz se mit alors à la fixer avec plus d'intensité. Pitié ! Faite qu'elle ne lui annonce pas par exemple qu'il avait perdu l'usage d'un membre, qu'il serait cloué à vie dans un fauteuil ou quelque chose dans le genre ! Ce serait insupportable... Mais visiblement ça n'avait rien à avoir avec une quelconque complication médicale. « Moi ça va… Andrew je… suppose que oui… Il s’est réveillé. » Bon, c'était déjà une bonne nouvelle. Mais pourquoi "supposait-elle" ? Il fronça les sourcils, l'interrogeant du regard. Les explications ne tardèrent pas à venir : « Je euh… On ne s’adresse plus vraiment la parole en ce moment… » Quoi ? Pourquoi ? C'était absurde ! Jaz ne comprenait pas. Il tiqua, s'installant dans le fond de sa chaise, songeur. Les traits toujours tirés, il demanda : « Mais.. Pourquoi ? » Andrew ne pouvait tout de même pas en vouloir à Emy pour ce qu'il c'était passé, n'est-ce pas ? Ce serait trop dingue ! Et trop stupide également... Il baissa les yeux, fixant la table avec insistance, perdu dans ses pensées. Il voyait légèrement Emy se mouvoir, passant ses mains sur son visage, soupirant. Et bien, ils étaient beaux tout les deux ici ! « Mais c’est pas très important ou intéressant. Toi… Est-ce que… ça va ? » Jaz qui était perdu dans ses pensées releva brusquement la tête, captant qu'elle lui parlait à nouveau. Il cligna des yeux et se redressa sur sa chaise avant de bredouiller brièvement : « Euh ouais.. ouais.. on fait aller. » Il fit une petite moue, ne voulant pas non plus trop mentir. Ça ne servirait à rien de toute façon, suffisait de voir sa tête pour savoir que non.
Mais l'esprit de Jaz était déjà loin à nouveau. Toutes ses pensées étaient tournées vers Beverly et cette nuit ou ils avaient franchis les limites. Cette nuit qu'il regrettait amèrement, parce qu'il s'était juré de ne jamais imposer ça à Emy. Mais c'était fait, et ça l'obsédait totalement... Il se prit la tête entre les mains et secoua la tête de gauche à droite, fermant les yeux et se mordant la lèvre inférieure. Il n'en pouvait plus de lui cacher ça. Il y pensait tout le temps, tout le temps, tout le temps... Il culpabilisait comme jamais et il s'en voulait encore plus de lui cacher la vérité. Il fallait que ça sorte... Il fallait qu'il lui dise, qu'elle sache. Elle avait droit de savoir. Il l'avait trompé, il avait fauté.. Il lui devait bien la vérité. Tout en secouant la tête il murmura tout d'abord : « J'suis désolé Emy... j'suis tellement, tellement, tellement désolé... » Il resta en suspend, n'ajoutant rien pendant un moment. Puis finalement, honteux, fatigué, coupable, il releva la tête et posa ses mains à plat sur la table. Il croisa son regard puis le baissa, ne parvenant pas à l'affronter. « Je.. faut que je te dise un truc. » Oui, mais c'était dur ! Trop dur. Il soupira, tremblant, et son regard se leva jusqu'au plafond qu'il fixa avec peine. Nerveux, il tapota ses doigts sur la table avant de se redresser et de souffler, se mordillant encore la lèvre. La regarder dans les yeux ou être lâche ? Jaz n'avait même plus la force d'être courageux à vrai dire... Fixant ses doigts, le dos appuyé contre le dossier de sa chaise, tendu, il murmura alors, d'une toute petite voix : « J'ai... Je t'ai trompé. » Voilà, c'était sortit. Bordel, qu'est-ce qu'il pouvait se haïr...
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