Le rp se déroule dans le passé, au moment ou Satan a envoyé les visions.
La soirée ne faisait que commencer. La nuit était à peine tomber sur Sydney, mais déjà le monde qui lui appartenait s'éveillait. Les bars se remplissaient alors que les magasins avaient tous fermés. Les lumières s'allumaient dans les maisons, on fermait les volets pour cacher aux enfants l'homme titubant en bas sur le trottoir, ou cet autre qui, rendu beau, s'en allait commettre l'adultère. Un monde particulier qu'Azael chérissait tout particulièrement. Il se sentait à sa place, comme si tout ceci lui appartenait. Quittant la chaleur de son foyer et la peau douce de Vesper, le néphilim avait revêtu un beau costume et s'en était allé, refermant la porte derrière lui, sans donner la moindre explication à sa femme. Prenant un plaisir évident à marcher dans les rues à cette heure, Azael prenait son temps. Les talons de ses chaussures italiennes claquaient le sol dans un bruit régulier qu'il savourait tandis que la brise de début de nuit caressait ses joues creuses. L'allure fière, c'était avec le menton relevé et le regard perçant qu'il avançait de façon sûre et déterminée. Il ne posait même pas un coup d’œil sur les gens qu'il croisait, dédaigneux et hautain. Le dos bien droit, il semblait sortit tout droit d'un autre temps. Et d'une certaine façon, c'était le cas en effet... Dans son beau costume, il n'avait rien d'un homme d'affaire. Non, mais on pouvait néanmoins le comparer à ces bourgeois des siècles passés. Une classe qui avait traversé les âges et qui ne le quittait pas. Qui ne le quitterait sans doute jamais d'ailleurs. Mais revenons-en à sa soirée. Il tourna sur la droite et remonta une longue rue alors que l'enseigne du Paradisio se faisait déjà voir, illuminée dans cette pénombre grandissante, attirant les hommes comme la lumière attirait les papillons. Un mince sourire étira ses lèvres fines alors qu'il sentait déjà la chaleur du cabaret et toute sa volupté l'envahir. Azael était ce qu'on pouvait appeler un habitué. Il venait souvent ici, cherchant décadence et plaisirs charnels le temps d'une nuit. Il assouvissait quelques pulsions malsaines et rentrait chez lui aux aurores, apaisé, se glissant dans ses draps pour terminer sa nuit auprès de celle qu'il aimait. Et normalement, cette nuit tout aurait dû se dérouler ainsi. Normalement...
Pénétrant dans le club, aussitôt des effluves féminines vinrent titiller ses sens. S'installant à une table, il commanda à boire et, à l'aise, laissa son regard se poser sur ses corps qui se déhanchaient uniquement pour le bon plaisir des clients. Azael avait tendance à souvent rester en retrait. Plongé dans l'ombre, il resta seul, durant des heures, jusqu'à trouver la fille avec qui il terminerait la nuit avant de rentrer sagement chez lui. Mais cette fois-ci, rien ne se passerait ainsi. Le regard fixé sur une magnifique brune à la peau dorée, il sentit comme un début de migraine l'assaillir. Il fronça les sourcils et grimaça légèrement, posant sa main droite sur son crâne. Son regard se porta aussitôt sur son verre déjà bien entamé. Était-ce une mauvaise blague ? Il pensa aussitôt à une drogue quelconque, mais rapidement il comprit que ça n'avait strictement rien à voir. La douleur devint fulgurante et le fit se contracter sur sa banquette. Il lâcha un râle de douleur et se retrouva plié en deux, les yeux clos et tout le corps tendu. Des images lui apparurent ensuite, tels des flashs. Abasourdis, il encaissait les images sans chercher plus loin. La douleur qui le lançait l'empêchait de comprendre réellement toutes ces choses... Dwight, Vesper... ce combat.. Ça n'avait pas de sens. S'accrochant alors au rebord de la table pour ne pas tomber, il grinça des dents, le souffle court. Et brusquement tout s'arrêta. Ses muscles se relâchèrent d'un coup et il s'affala sur la banquette, haletant. Une serveuse qui passait par-là et qui avait tout vu s'approcha aussitôt, inquiète.
« Monsieur ! Monsieur ? Vous allez bien ? » Azael resta quelques instants les yeux clos, reprenant son souffle et ses esprits. Il finit par hocher la tête et lui fit signe de s'en aller. Il rouvrit les yeux et s'empara de son verre, le terminant d'une traite. Tout ceci était une hallucination... il fallait que cela en soit une. Après la stupéfaction, ce fut la colère qui gronda sous sa peau claire. Il déglutit et se redressa sur la banquette, le regard sombre. Incapable d'expliquer ce qui venait de se passer, tout ce qu'il savait c'était que ce qu'il avait vu... ne lui plaisait pas. Et il fallait qu'il en ait le cœur net. Vibrant de rage, il se releva et balança quelques billets sur sa table avant de quitter les lieux sans demander son reste. Tant pis, cette nuit, pas de plaisirs charnels.
Il retourna aussitôt chez lui, dans l'espoir d'y trouver Vesper et de lui demander quelques... explications. Ses pas claquaient sèchement le sol, signe de sa colère grandissante et de son impatience qu'il parvenait difficilement à maitriser. Et rien ne sembla pouvoir le calmer sur le chemin du retour. Ni la brise fraiche, ni la douce enveloppe de la nuit, pas même ce cri qui se perdait dans les ruelles, signe d'une attaque. Le regard fixé droit devant lui, il marchait à une allure soutenue, le front plissé et les lèvres pincées. Ses poings étaient serrés et il soufflait bruyamment, signe d'envies violentes et incontrôlables. Vesper était peut-être la seule chose qui avait de l'importance à ses yeux, mais ça ne justifiait pas tout. Et si jusqu'à présent il s'était évertué à la protéger de ses plus bas instincts, ce soir, il n'était pas sûr d'en être capable. Il pénétra chez lui avec rage, brisant la serrure au passage et la poignée resta dans sa main, se décrochant de la porte. Furieux, il la balança au sol en s'écriant :
« VESPER ! » Son regard parcouru rapidement la pièce principale, vide. Il se dirigea aussitôt vers la chambre, priant pour qu'elle soit là. Il n'était pas d'humeur à parcourir tout Sydney pour la retrouver. Il ouvrit la porte dans un grand fracas et la vit aussitôt, couchée dans leurs draps, se redressant alors, surprise certainement. Il s'approcha du lit et tira les draps, les balançant plus loin avec une hargne qui ne pouvait être que démoniaque. Puis, il s'empara des bras de sa tendre, et l'obligea fermement à se lever, oubliant de se contrôler pour ne pas lui faire de mal. Refusant encore de croire ce qu'il avait vu, il voulait lui laisser le bénéfice du tout, mais une voix au fond de lui, lui hurlait que c'était vrai. Que ce n'était pas qu'une hallucination, pas un simple jeu du Malin pour les tester. Plongeant alors son regard dur et d'acier dans le sien il reprit, d'une voix toujours aussi agressive et instable :
« Est-ce que tu as déjà rencontré Dwight ? Et ne mens pas Vesper ! Ne mens pas. » Tremblant de colère, son souffle chaud venait s'écraser sur le visage de sa belle avec violence et mépris. Une fois l'orage passé, Azael s'en voudrait de l'avoir traitée ainsi. Parce qu'elle était la prunelle de ses yeux et qu'il ne supportait pas que quiconque puisse l'atteindre et la blesser, et encore moins lui. Mais là, il était totalement aveuglé par cette colère qui le rongeait depuis des siècles. Cette envie de vengeance qu'il avait apprit à dompter, attendant le meilleur moment pour la libérer. Et personne n'avait le droit de lui arracher ça. Dwight lui appartenait d'une certaine façon. C'était sa famille, son combat. Et personne, PERSONNE, ne devait s'en mêler ou le doubler. Il devait déjà surveiller Stefan, et c'était bien suffisant. Il ne voulait pas en plus se méfier de la seule personne en qui il avait une confiance totale. Resserrant son étreinte autour des bras de Vesper, il se sentait défaillir face à cette rage trop grande pour lui. Son sang lui brûlait la peau et sa tête tournait encore, chamboulé par ce qu'il avait vu au Paradisio. Faites que tout ceci ne soit que chimères...