Il n’y avait pas à dire, Aya se sentait fine. Lui demander ce qui lui avait pris de rentrer ainsi par effraction dans le domicile de quelqu’un, c’était une pure hérésie, étant donné qu’elle n’en n’avait pas la moindre idée. Ce n’était pas faute d’avoir sonné durant un temps considérable avant de se rendre compte que la porte était entrouverte. Ni une ni deux, la jeune femme s’était engouffrée dans un corridor lui laissant un vaste goût d’éternité dans la bouche. Aya était littéralement trempée, dégoulinante même, et c’était comme si son instinct de survie lui avait ordonné de pénétrer à l’intérieur de ce logement n’étant nullement le sien. C’était ici que vivait Tadeck, un jeune homme qu’elle ne portait pas nécessairement dans son cœur et qui le lui rendait bien…Leur relationnel était si complexe qu’il était proprement impossible de mettre un nom exact sur ce qui les « unissaient ». Pourtant, Aya avait décidé de son propre chef de lui rendre une petite visite. Elle n’y pouvait rien, bien qu’il soit aussi désagréable qu’une porte de prison, elle se disait que sa compagnie était toujours préférable à la solitude forcée dans laquelle elle était enfermée depuis trois longs mois. C’était cet état d’esprit qui expliquait aisément ce véritable parcours du combattant comme son périple à travers la pluie dans l’unique but de savoir si tout allait bien pour lui. Fallait-il qu’elle soit folle pour entreprendre une telle virée en solitaire, habillée en tout et pour tout d’une chemise noire courte et d’une jupe qui ne la couvrait même pas jusqu’à ses genoux ! Si l’on excluait ses bottines en cuir, Aya était comme nue devant cette pluie battante ayant bien faillit avoir raison de sa volonté. Mais maintenant qu’elle était à l’intérieur, et au sec pour ainsi dire, ses sensations la mettaient en constante alerte : Elle avait brandit sa canne d’aveugle afin de frapper dans le vif dans le cas où un agresseur viendrait à se pointer devant elle, seulement voilà…Un coup de vent suffit à la faire bondir et à frapper de toutes ses forces un vase qui ne manqua pas de tomber en s’écrasant sur le sol. Pas de chance…Si cela se trouvait, c’était un objet d’une valeur inestimable et Tadeck allait lui faire la crise d’hystérie du siècle, à raison. Aya en fut aussitôt navrée, et c’est à peine si elle ne se mit pas à sautiller partout de panique, tant et si bien qu’elle trébucha sur les morceaux de porcelaine parsemant le sol pour mieux s’écorcher légèrement le genou en tombant dessus…Quelle journée, décidément ! Si elle avait su, probablement serait-elle restée sagement chez elle, où rien ni personne n’aurait pu l’effrayer ni lui faire du mal.
AYA – « Youhouuu y’a quelqu’un ?! »
Peu rassurée, la jeune femme avait néanmoins continué son périple à travers un nouveau couloir, avant de pénétrer dans une pièce qui devait être le salon et de se confronter à un silence à vous glacer le sang. Ses pas étaient lents, aussi contrôlés que possible, mais cela ne l’empêcha pas de trébucher à nouveau sur une masse importante et de s’écrouler littéralement sur ladite masse…Il lui fallut bien quelques minutes pour se rendre compte que cet encombrant en plein milieu n’était autre que Tadeck, inconscient sur le sol. Le cœur d’Aya manqua aussitôt un battement et, bien que la panique ait atteint son paroxysme, elle se mit en tête de le réveiller à grandes baffes. Évidemment, lorsque l’on est aveugle, il y a plus aisé comme manœuvre…
AYA – « Réveillez-vous nom de dieu !!! Mais vous allez ouvrir les yeux oui ?! »
Aucune réponse. Dans un premier temps, elle n’hésita pas à l’installer plus confortablement contre le premier canapé qu’elle trouva à proximité, en le hissant avec une difficulté indiscutable pour l’allonger comme il se devait. Il pesait une tonne, c’était une abomination, mais Aya avait finit par parvenir à ses fins, heureusement ! Maintenant, il ne fallait pas s’attendre à ce que la jeune femme trouve la cuisine pour lui balancer un sceau d’eau froide en pleine poire, aussi, elle se contenta de faire avec les moyens du bord…Alors qu’un expert en sauvetage humain se serait contenté de faire du bouche-à-bouche au cas où, Aya se pencha pour s’emparer de ses lèvres comme s’il s’agissait de son amant attitré et qu’une telle manœuvre était naturelle. En vérité, tout ce qu’elle cherchait à faire, c’était créer un choc suffisamment important pour qu’il ouvre enfin les yeux. Et à entendre le soupir dont elle ne pu déchiffrer nettement le sens, cela avait fonctionné à la perfection. Aya s’écarta donc, avec la rapidité appropriée, avant de se redresser légèrement et lui présenter un léger sourire gêné. Elle passa nonchalamment une main contre sa nuque avant de bafouiller quelques paroles incompréhensibles. Dans la bataille, elle avait égaré sa canne d’aveugle sur le sol, et pour la retrouver, ce n’était pas gagné…
AYA – « Oui bon je sais, ce ne sont pas des manières et vous pouvez me coller un procès pour abus sur vos lèvres, mais c’était ça ou vous laissez croupir au milieu de…Votre salon, je suppose ? Donc je pense avoir bien agit, merde à la fin ! La porte était ouverte, j’ai sonné pendant dix bonnes minutes et vous ne répondiez pas, je pense que pénétrer même sans votre accord était une bonne idée…Je dois être maso pour me pointer alors que vous êtes aussi agréable qu’un pou derrière une porte de chiottes ! M’enfin, c’est tout moi, ça. »
Haussant les épaules, Aya s’empara néanmoins du poignet de Tadeck afin de mesurer son pouls, évidemment rapide…Mais au moins, il était présent et elle se permit donc un petit sourire à la fois rassuré et satisfait.
AYA – « Vous êtes sauf, c’est le principal. J’vais peut-être débarrasser le plancher, je n’ai pas envie que vous me refassiez le portrait façon puzzle ! Je retrouve ma canne et je disparais. »
Elle ne rajouta pas qu’il avait sa parole, mais c’était tacitement indiqué. Elle se mit donc à tâtonner contre le sol en désespoir de cause, se mordillant la lèvre tant elle avait l’impression d’avoir subit la pire honte de sa vie. Sa bonté la perdait, tiens !
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Sujet: Re: FS | Tadeck & Anya Mer 2 Nov - 23:53
La vie de Tadeck était de plus en plus misérable. Plus le temps passait, et plus il lui arrivait des merdes qui ne faisaient que l'enfoncer encore un peu plus que précédemment. Super. C'était super ! Déjà qu'avant l'accident il haïssait sa vie de boiteux, mais alors là c'était genre des millions de fois pire. UN FAUTEUIL ROULANT ! Et tout ça par la faute de cette idiote de Laurence qui n'avait pas freinée à temps et qui avait percuté une voiture devant elle et qui eux-même c'était ensuite fait percuté par toute une série de voiture, propulsant un Tadeck ivre à travers le pare-brise. Après plusieurs mois à l'hôpital, les médecins lui avaient finalement annoncés qu'ils ne pouvaient pas l'opérer et qu'ils ne savaient pas s'il pourrait remarcher un jour. Les probabilités étant d'environs 35%. Non vraiment, c'était génial ! Tout bonnement génial. Tadeck avait juste envie de se jeter par la fenêtre à chaque fois, mais même ça il ne le pouvait même pas puisqu'il était cloué dans ce PUTAIN de fauteuil. Alors là, je peux vous dire que la vie il l'a haïssait. Et encore plus les gens. Et encore plus les gens qui MARCHAIENT. Comme s'ils faisaient tous exprès et qu'ils le narguaient pour le pousser à bout. Bref, donc depuis son retour chez lui il était une véritable plaie. Un fardeau pour lui-même et il se le faisait bien payer. Il ne rangeait plus rien, ne nettoyait plus rien et rapidement sa maison devint un dépotoir. Il se lavait en gros quand il y pensait et qu'il en avait le courage, et il passait ses journées enfermé dans sa maison, volets fermés, devant la télé à critiquer tout ce qu'il regardait en mangeant et en buvant des bières. Il avait d'ailleurs déjà pris 2 ou 3 kilos et s'il continuait sur cette pente, il finirait sans aucun doute obèse. Et peut-être qu'il claquerait d'un infarctus et ça ne serait peut-être pas plus mal. Oui, il arrivait souvent que Tadeck ait des pensées très sombres et qu'il songe à mettre fin à tout ça une bonne fois pour toute. Mais pour l'instant, il n'en faisait rien et continuait d'endurer ce calvaire en se plaignant plus que raisonnable. Et croyez-moi, il était vachement doué pour ça !
Tadeck avait des médicaments à prendre régulièrement. Notamment des anti-douleurs, mais aussi des médicaments pour son cœur qui avait souffert lors de l'accident. Mais comme bien souvent, il oubliait les seconds et se choutait aux premiers. Et évidemment, ce qui devait arriver arriva. Alors qu'il regardait la télévision comme une loque, paquet de cacahuètes en main, il se sentit faiblir et se mit à tousser. Une chaleur étourdissante l'envahit et il se plia en avant, son palpitant s'accélérant de plus en plus. Il resta plusieurs secondes comme ça, à ne pas comprendre ce qui lui arrivait, suffoquant et transpirant. Et puis, il bascula en avant et s'écroula au sol, emportant son fauteuil dans la chute et perdit connaissance.
Ce ne fut que bien plus tard qu'il revint à lui, alors qu'un son lointain se faisait percevoir, jusqu'à ce qu'un contact troublant vienne le tirer totalement de sa léthargie. Clignant des yeux, il ne comprit tout d'abord pas où il se trouvait, ni même qui il était. Perdu et encore fragile il lui fallut un moment avant de revenir à lui et de tout bien situer. Mais il en eu à peine le temps que déjà une voix se faisant entendre, attirant son attention : « Oui bon je sais, ce ne sont pas des manières et vous pouvez me coller un procès pour abus sur vos lèvres, mais c’était ça ou vous laissez croupir au milieu de…Votre salon, je suppose ? Donc je pense avoir bien agit, merde à la fin ! La porte était ouverte, j’ai sonné pendant dix bonnes minutes et vous ne répondiez pas, je pense que pénétrer même sans votre accord était une bonne idée…Je dois être maso pour me pointer alors que vous êtes aussi agréable qu’un pou derrière une porte de chiottes ! M’enfin, c’est tout moi, ça. » WOOHH WOHH WOHH !! Tadeck écarquilla les yeux, complètement abasourdis. On devrait lui coller un procès pour abus de paroles oui ! Tadeck grimaça et gémit, ayant un mal de tête affreux. Cette fille était totalement folle de parler autant alors qu'il venait à peine de reprendre connaissance. Levant son regard sur elle, sa vue se détailla enfin et il reconnu sa tortionnaire. ELLE ! Oh bon sang, c'était bien sa veine ça ! D'une voix pâteuse il rétorqua tout d'abord : « Et vous, vous êtes pire qu'une sangsue encore ! » Il aurait voulu en dire bien plus, ce n'était pas les répliques qui lui manquaient à vrai dire ! Juste qu'il n'était pas encore franchement en état de s'en prendre à elle plus que ça pour le moment. Il soupira, et regarda autour de lui. Fauteuil renversé, cacahuètes éparpillées partout au sol et lui appuyé contre son canapé. Bon, alors, deux options : soit il avait fait un malaise et Aya était arrivée et se l'était joué super-héros. Soit c'était elle qui l'avait mise dans cet état et rongée par les remords avait finalement décidé de le sauver. Il la détailla de haut en bas, penchant plus pour la seconde option. Ouais, c'était une vicieuse celle-là ! Il en était sûr ! Sinon, pourquoi insisterait-elle avec lui alors qu'il ne faisait que l'envoyer paître ? Je vous l'demande moi madame !
« Vous êtes sauf, c’est le principal. J’vais peut-être débarrasser le plancher, je n’ai pas envie que vous me refassiez le portrait façon puzzle ! Je retrouve ma canne et je disparais. » Tadeck haussa un sourcil et la regarda commencer à tâter le sol. Il tourna la tête, la canne de la jeune fille se trouvant juste à côté de lui. Il échappa un petit sourire narquois et s'en empara avant de la poser sur le canapé sans bruit, endroit où elle ne viendrait jamais la chercher évidemment. Retrouvant enfin totalement ses esprits, Tadeck se reprit bien vite et rattrapa son "retard" niveau remarques cinglantes. Non mais déjà... pour qui se prenait-elle pour l'embrasser comme ça ? Sa déficience visuelle la rendait-elle complètement stupide par la même occasion ? D'une voix mesquin, il commença : « Que vous soyez folle de moi, je le conçois sans mal, mais si vous pouviez retenir vos saletés de mes lèvres ça m'arrangerait sinon j'vais être obligé de vous les arracher et de vous les faire manger pour éviter que vous recommenciez à traumatiser un pauvre innocent en état de faiblesse. A moins que je vous dénonce pour attouchements sexuels. Faut que je réfléchisse encore un peu. » Il prit appui sur le sol afin de se redresser un peu plus, continuant de la regarder chercher sa canne avec moquerie. Il reprit, d'une voix toujours aussi sèche : « Et la prochaine fois que vous osez parler encore autant d'un seul coup, je vous tue avec votre propre canne. Et d'abord, qu'est-ce que vous foutez chez moi ? J'en ai ras le cul de vous voir débarquer tout le temps comme ça ! Comme si nous étions de bons amis solidaires dans nos malheurs ! Vous ne faites que polluer ma vie encore plus qu'elle ne l'est déjà ! Alors quand je vous dis que je vous hais et que je ne veux plus vous voir... ce n'est pas un message codé d'accord ? C'est juste que je vous HAIS et que je ne veux PLUS vous voir. Vous êtes aveugle et non pas sourde a ce que je sache ! Merde c'est pas vrai ça... » Grommelant, il constata alors qu'il était coincé par terre. Oh merde, super ! Il allait devoir lui demander de l'aide... manquait plus que ça ! La vie s'acharnait. Monde cruel ! Il soupira, fâché et frustré comme pas possible. Les dents serrées, il articula avec contrariété : « Arrêtez de chercher votre canne, vous la trouverez pas je l'ai poussée. Aidez-moi à remonter sur mon fauteuil et je vous la rendrait et je vous pousserais même vers la sortie. Peut-être qu'il y aura un ou deux murs en chemin... Mais vous n'en voudrez pas à un pauvre infirme, n'est-ce pas ? » Il ricana, mauvais. Oui et bien déjà qu'il lui demandait de l'aide, il ne fallait pas non plus en espérer plus de sa part et encore moins la moindre marque de politesse ou de gentillesse. Qu'ils aillent tous au diable !